Du vin roumain... hum, voilà une énigme. Difficile d'arriver dans ce pays avec des attentes particulières tant ce vignoble nous est inconnu. Pourtant, la Roumanie occupe le 6ème rang européen en termes de surface plantée (170 000 hectares). Une visite initialement tintée de curiosité qui s'est finalement avérée très surprenante.
Les vignobles du nord de la Roumanie se trouvent dans des sites parfois somptueux, entourés de grandes collines verdoyantes et restées sauvages, à l'instar de ce que l'on trouve communément dans le nord-est du pays (à la frontière avec la Hongrie).
Certaines parcelles sont tout simplement superbes et n'ont rien à envier à des régions beaucoup plus connues (ici dans la région de Dealu Mare).
Si la qualité des vins roumains nous a plus qu'agréablement surpris dans l'ensemble, il ne faudrait pas nier le fait que nombre de vins positionnés en moyenne gamme sont peu qualitatifs. Ici, les vins du domaine Jidvei qui se sont tous avérés très décevants (déséquilibrés, totalement techniques, parfois déviants). Tout comme le déjeuner ! Absolument aucun intérêt en dehors du très beau château fort qui sert de lieu de dégustation.
Dans d'autres domaines (comme ici chez Terra Romana), les vins manquent d'âme du fait de leur côté trop technique qui en fait des vins internationaux moyens, identiques à ceux qui se font aux quatre coins de la Terre. Ce n'est pas mauvais, mais absolument pas mémorable.
Mais le pays dispose d'une richesse incroyable : ses nombreux cépages autochtones qui restent très largement plantés. Feteasca neagra, Feteasca regala, Negru de Dragasani... A l'heure d'un engouement mondial et cyclique pour des cépages dits internationaux (chardonnay, pinot noir, cabernet sauvignon, sauvignon blanc, riesling, etc.), la Roumanie est capable de proposer des vins différents, capables de surprendre les consommateurs.
Ces cépages autochtones peuvent ainsi donner de très bons vins. Quelle belle surprise que le domaine Villa Vinea ! Créé en 2006 par un investisseur italien, le domaine dispose de 32 hectares de jeunes vignes situées sur les flancs d'une colline produisent déjà des vins profonds, bien équilibrés, typiques de leur origine. Le Feteasca Regala 2011 dégusté au domaine a ainsi fait l'unanimité pour son rapport qualité-prix exceptionnel (6,5€). Un nez floral évoluant sur les agrumes. Une légère sucrosité en bouche et une pointe d'amertume très agréable. Un bel équilibre avec, là encore des arômes d'agrumes. Une finale citronnée et légèrement fumée.
Le vigneron du domaine Villa Vinea, Misi Denes, d'une grande simplicité, plein d'humilité et de gentillesse, avec une envie sincère de faire progresser (encore) la qualité de ses vins. Un beau moment d'échange.
A n'en pas douter, la plus belle des découvertes de notre passage en Roumanie : le domaine Davino dans la région de Ceptura. Bogdan Costachesu, le vinificateur et co-propriétaire, met tout en oeuvre pour produire des vins de très belle qualité (à commencer par des rendements très maîtrisés de 20 hl/ha). Ceci devrait permettre de convaincre les derniers sceptiques de la capacité de la Roumanie à produire de bien belles bouteilles. Nous avons eu la possibilité de déguster les vins suivants :
- Domaine Ceptura rouge 2009 (assemblage de feteasca neagra, merlot et cabernet- sauvignon) : un très beau nez sur les fruits noirs intenses avec des notes épicées très agréables. Une bonne acidité en bouche qui apporte de la fraîcheur compte tenu des 14,6% d'alcool. Les tanins sont fins et élégants. En somme, une très belle bouteille quand on songe à son prix (10€ ex-cellar).
- Feteasca Neagra 2009 : un nez très surprenant, chocolaté mais également sur les herbes aromatiques (thym notamment). La bouche présente des tanins fins, une belle amertume plaisante. Belle bouche épicée avec une pointe d'astringence qui n'est pourtant pas gênante. Belle longueur. Là encore, un très beau rapports qualité-prix (9€ ex-cellar).
Au global, la Roumanie est un pays certes encore en plein développement (les campagnes semblent être restées figées au XIXème siècle, les voies de communication modernes peinent à émerger, les fonds européens faisant encore trop souvent l'objet de détournement locaux). Mais une prise de conscience de la richesse des cépages locaux ainsi que la mise en valeur progressive de terroirs de qualité, connus depuis des siècles, permettent de sortir la viticulture roumaine de la torpeur dans laquelle elle avait été plongée sous l'ère communiste. Il faudra du temps pour que le pays se forge une image de producteur de vins de qualité. Mais le potentiel, la volonté et les fonds privés sont là. A suivre donc de prêt dans les années à venir...
Je souhaiterais me porter acquéreur d'une bouteille du Domaine Ceptura rouge 2009 et d'une autre de Feteasca Neagra 2009. À qui dois-je m'adresser monsieur ?
RépondreSupprimerLa commande est prise. De là à dire qu'elle sera livrée...
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