La Loire est un fleuve sauvage, ayant façonné des paysages somptueux. Elle est à l'image de certains des vignerons de cette région : mystérieuse. Ainsi la Coulée de Serrant avec Nicolas Joly (à gauche) et le domaine Vacheron avec le vigneron éponyme (à droite). Deux adeptes de la biodynamie, une philosophie allant au-delà de la simple approche biologique. L'idée ici est de prendre en considération les forces telluriques et du cosmos, de "capter l'intangible" afin de restituer ces forces à la vigne.
A l'image de la Champagne, la Loire est une région truffée de carrières (de tuffeau). Ces carrières, créées afin de construire les maisons locales et les châteaux, sont des lieux de conservation optimaux pour les bouteilles. Les conditions y sont en effet parfaites avec une température constante toute l'année (12 degrés) et une hygrométrie idéale de 80%. Ces carrières majestueuses sont autant de lieux phantasmagoriques qui semblent habités.
La sérénité qui se dégage de ces carrières est perceptible à chaque recoin. LEs bouteilles sont là, attendent de longs mois, voire de nombreuses années avant de faire le bonheur de consommateurs ravis de boire une part de ce mystère de tuffeau.
Et puis, connaissez-vous beaucoup de caves dans le monde où l'on côtoie à quelques décimètres d'écart des fûts et des jambons, chacun d'eux en cours d'élevage/d'affinage ? Le domaine Vacheron l'a fait.
La Loire est aussi une terre où l'architecture est partout fascinante. Les châteaux des rois de France, bien évidemment, mais aussi nombre de domaines viticoles à l'instar de la Coulée de Serrant. Édifice majestueux dans un site extraordinaire.
Et au détour d'un chemin à Pouilly-Fumé, le château de Tracy. Un bond dans le temps avec ce bâtiment dont l'histoire remonte à la guerre de cent ans et dont la construction s'est étalée jusqu'au XVIIème siècle. Au demeurant, les vins du domaine sont d'un très beau niveau qualitatif, démontrant si cela était nécessaire que l'appellation Pouilly-Fumé produit de très grands vins.
Près de l'église de Chavignol, une croix dont la puissance évocatrice n'a d'égal que la beauté époustouflante de la côte des Monts-Damnés qui lui fait face.
Qui dit Loire dit, notamment, chenin blanc. Cépage fascinant mais capricieux, sa maturation étant très hétérogène (comme en témoigne la photo de gauche), imposant des tries successives même pour les vins secs. Il est en outre sensible au botrytis qui, lorsqu'il évolue en pourriture noble, donne des vins parmi les plus beaux et complexes liquoreux qui soient. Mais qui peut vite se transformer en pourriture grise dévastatrice (photo de droite) lorsque les conditions climatiques ne sont pas réunies comme ce fut le cas en 2013.
Parmi les joyaux qu'il est possible de déguster dans la Loire, quelques très beaux liquoreux comme ce moelleux 2006 première trie du domaine Huet. Beaucoup d'élégance, de complexité avec une belle acidité pour rendre le tout parfaitement agréable à boire.
Et comment parler de la Loire sans parler de Sancerre et ses magnifiques sols de silex ? Impossible de ne pas se souvenir de l'arôme de pierre à fusil après avoir tapé deux silex l'un avec l'autre tant l'odeur est alors prégnante... Ces sols apportent au sauvignon blanc beaucoup de vivacité, qualité malheureusement souvent absente dans les sauvignon d'autres régions (même si de très beaux exemples existent ailleurs qu'en Loire, en Nouvelle-Zélande par exemple).
Et enfin, une vision assez surprenante à l'entrée d'un domaine de Bourgueil, à l'ombre de quelques buissons : de la vigne sauvage. Aucune taille n'est venue la domestiquer et elle pousse donc naturellement. En dépit de grappes assez hétérogènes et peu fournies, ce pied avait quelque chose d'émouvant, la nature se rappelant ici directement à nous.
