Certaines
pratiques dans le monde viticole ont le don de créer l’unanimité contre elles.
Je pense ici au remaniement de certains terrains viticoles afin d’en améliorer
l’exploitabilité. « Scandale » crient alors généralement amateurs et
professionnels pour qui la sacro-sainte notion de terroir ne saurait s’entendre
que dans son acception la plus stricte : un terrain viticole à
proprement parler est tel que la nature l’a créé.
Eh bien, difficile de ne pas être d’accord lorsque l’on voit ce que certains sont prêts à faire pour viabiliser des terrains, et pas seulement à l’autre bout du monde… Cette photo, prise la semaine dernière dans les vignes de Givry en côte châlonnaise, mérite ainsi quelques explications.
Un domaine était propriétaire d’une parcelle classée en premier cru (carré de terre brune situé en milieu de coteau) mais non exploitable puisque constituée d’une large crevasse rocheuse. Eh bien, quoi de plus normal que de faire quelques aménagements : casser les roches de chaque côté, déblayer entièrement les lieux (tas de terre en bas de coteau, ici diminué de moitié compte tenu de l’avancée des travaux), repositionner les roches afin de combler la dépression, mettre une couche de terreau et enfin recouvrir de terre la parcelle ainsi aplanie !
Cette pratique, à l’instar de ce qui se passe dans le « nouveau monde », n’est pas si rare que cela dans nos vignobles. Certains vignerons m'ont toutefois rappelé « que chez [eux], c’est différent car tout est bien encadré par l’INAO*. Impossibilité d’aller prendre de la terre ailleurs pour la remettre ici ». Curieuse pirouette visant finalement à relativiser une pratique tout simplement ubuesque...
Et dire que pendant ce temps, la Bourgogne monte un dossier UNESCO afin de faire reconnaître au patrimoine mondial ses climats… Une belle leçon de pragmatisme paysan !
*INAO = Institut National des Appellations d'Origine
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