Il
flotte dans les côtes du Rhône sméridionales comme un esprit particulier. On trouve dans
ces terres relativement arides des éléments surprenants. A l’image de ces
structures en V qui surprennent de prime abord. Ce ne sont pourtant que des
tuteurs permettant la conduite de la vigne en lyre. Ce type de conduite a été
mise au point à Sup’Agro Montpellier par le brillant professeur de viticulteur,
M. Carbonneau. Cette architecture
optimise le sacro-saint rapport hauteur (du feuillage) / espacement (entre les
rangs de vigne), essentiel pour assurer une bonne maturation des raisins.
Mais
le sud de la vallée du Rhône, ce sont aussi de vrais personnages aux projets
pour le moins atypiques. L’exemple le plus frappant est celui du domaine Viret,
chantre puisqu’inventeur de la notion de cosmoculture. Approche très
particulière du vin fondée sur une mise en exergue des différentes forces de la
nature dans tout le processus de fabrication du vin, élevant ce dernier au rang
de produit sacré. D’où la construction de cette véritable cathédrale pour son
élevage, permettant aux énergies de s’exprimer pleinement.
Dans cette même optique, une part
importante du vin produit au domaine est élevée dans des amphores produites de manière totalement artisanale. Les exemples d’élevage
du vin dans ce contenant ne manquent pas à travers le monde. Mais chez Viret, à
la différence de nombre de ses confères, il ne s’agit pas d’un simple essai - disons - folklorique.
C’est en effet ici un élément central de l’élaboration des vins. L’intérêt des
amphores repose dans le fait que la terre cuite, poreuse, autorise des échanges
beaucoup plus importants entre le vin et l’air que dans un tonneau classique (trois fois plus au dire de René Barbier du Clos Mogador dans le Priorat en Espagne).
Mais saisir
l’esprit des côtes du Rhône méridionales nécessite aussi de sortir pour tenter d’appréhender
un milieu d’une beauté incroyable. En témoigne le domaine Gramenon, l'un des symboles des vins natures, qui se situe entre montagnes et oliviers.
L’arrivée
au domaine par un (très) froid matin de décembre est un spectacle tout
bonnement magique. L’impression d’être seul au monde dans un paysage grandiose
où la nature semble pouvoir pleinement s’exprimer.
Une ballade dans les vignes
permet de se trouver face à des pieds centenaires de grenache d’une beauté
saisissante. Parler ici de vieilles vignes prend tout son sens, à l’inverse de
nombreux domaines pour qui des vignes de vingt ans sont déjà vieilles... Disons
que ceux-ci ont parfaitement saisi le potentiel marketing de ce terme dont l’utilisation
ne fait l’objet d’aucune réglementation.
Ces vieilles vignes sont ici l'une des expressions du respect du vivant que prône le domaine via une approche biologique mise en oeuvre depuis sa création en 1979.
Et ce
domaine a bien une âme particulière, insufflée avec brio par Mme Aubéry-Laurent.
Son immense courage l’a conduite à continuer l’œuvre de son mari prématurément
décédé alors qu’elle n’était pas du milieu viticole. Simple mais passionnée et
animée par de profondes convictions quant au bien-fondé de son approche, elle
fait preuve d’une énergie communicative. Et ses vins sont touchants de
sincérité, dénués d’artifices. Un domaine à découvrir.
Après
l’âme des vieilles vignes, celui des vieilles pierres. Direction le Vaucluse, à
Suze-la-Rousse, où l’université du vin s’est tout simplement installée dans le splendide
château du village qui domine toute la région. Etudier ici permet d’avoir un
lien avec l’histoire et les traditions de la région et de certainement mieux appréhender le
rapport ancien qu'on ici les hommes avec la vigne.
A l’image
du vignoble de Châteauneuf-du-pape, des vignes sont plantées dans la région
depuis des siècles. La qualité des terroirs a en effet été identifiée très tôt.
Il faut dire que les vignes bénéficient ici de véritables alliés : les galets
roulés que l’on distingue au premier plan. Ceux-ci ont été charriés par le Rhône
pendant des années, leur donnant leur forme ronde caractéristique. Le Rhône s’est
ensuite retiré mais les galets sont restés, permettant d’emmagasiner la chaleur
pendant la journée et de la restituer la nuit. Ce processus permet d’assurer
une maturation optimale des raisins. On le retrouve dans d’autres régions,
notamment les Graves dans le bordelais dont le nom n’est rien d’autre que celui
des galets roulés éponymes locaux.
Après
tout cela, on se doute bien que certaines dégustations ne sauraient être trop
convenues. Ainsi du domaine du Mas de Libian où quelques palettes superposées
ont permis d’improviser une jolie séance de dégustation. Et de trouver une
nouvelle idée déco ?
Quoi qu’il
en soit, si cette région semble avoir une âme, c’est certainement qu’elle doit
avoir un protecteur quelque part, veillant sur ses vignes… et ses cuves !
Je vous laisse méditer.
Ma foi,les côtes du Rhône méridionales semblent avoir conquis notre dégustateur. Saura-t-il à son tour convaincre son entourage en lui faisant déguster des vins différents de ceux connus à ce jour ? La réponse bientôt, je l'espère ...
RépondreSupprimerQu'y a-t-il de si d'étonnant de rencontrer un saint à proximité d'une "cathédrale" ?
RépondreSupprimerUn talent de photographe qui n'est plus à démontrer, des commentaires pertinents et bien écrits, à quand des articles dans le magazine VIGNERON ? Car à les lire sur leur site, je cite, « De brillants journalistes et photographes à la rencontre des plus grands vignerons. », cela correspond tout à fait au profil de MPFA. De quoi les faire pâlir d'envie... J'achète d'emblée 3 exemplaires : un pour TGSA et deux pour les petits loups qui auront de quoi être fiers de leur Titou
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