La
région tient son nom de la ville éponyme, bourgade tranquille articulée autour
d’une grande rue sans grand intérêt ni charme particulier.
De
toute façon, les trésors de la région se situent dans les caves, parfois bien
protégés derrière de lourdes grilles de fer. Les reflets orangés ne trompent
pas : il s’agit bien du paradis, renfermant les vieux millésimes de Tokaj
Aszu (ici dans l’une des dernières structures d’état de la région : Tokaj
Kereskedohaz Co.).
Difficile
de résister en croisant ces merveilles dans le dédale de couloirs des caves de
Tokaji…
Les paysages
viticoles de la région sont vallonnés, notamment tout autour du mont Tokaji. C’est
là que se trouvent les vignes du domaine Disznoko, propriété de l’assureur AXA
depuis 1992. Ce grand domaine (plus de 160 hectares en propre) produit selon
les années 250 000 à 300 000 bouteilles.
La
visite de Disznoko s’est avérée très intéressante, notamment au moment de la
dégustation. Le responsable du domaine nous a en effet permis de goûter huit
cuvées différentes de la gamme, allant de vins secs (à base de Furmint et de
Harslevelu) au nectar suprême : l’eszencia.
Si la
région de Tokaji est capable de grands vins secs (comme le magnifique Furmint
sec du domaine Dobogo), la région reste avant tout célèbre mondialement pour
ses vins liquoreux. Ceux-ci présentent des niveaux de sucres résiduels plus ou
moins élevés. C’est cela qui va déterminer le nombre de «puttonyos » de la
cuvée.
La réglementation va de 3 puttonyos pour des vins qui doivent contenir
un minimum de 60 grammes de sucres résiduels à 6 puttonyos (minimum de 150 grammes
de sucres). Au-delà, les vins portant la mention « aszu eszencia » doivent
atteindre au moins 180 grammes de sucres résiduels.
L’eszencia est une
catégorie à part. Il s’agit du jus provenant des raisins botrytisés placés en
cuve et écrasés par leur propre poids. Ce nectar contient souvent près de 600
gammes de sucres avant fermentation. Compte tenu de ces niveaux extrêmement
élevé, la fermentation est très difficile. Au final, l’eszencia ne titre jamais
plus de 4,5%. C’est très riche, mais une grosse acidité permet de rendre ce breuvage
agréable. Impossible toutefois d’en boire un verre entier !
Au-delà
de ses cuvées classiques, le domaine a innové il y a quelques années en
proposant une cuvée parcellaire. Ce vin, le Kapi, est issu de la meilleure
parcelle du domaine. Produit uniquement sur les meilleurs millésimes, il
affiche 6 puttonyos.
Le millésime 2005 dégusté au domaine présentait une
très belle acidité apportant à l’ensemble une grande fraîcheur. Le nez s’avère
très complexe, offrant tout une palette d’arômes de fruits secs. La bouche est,
elle aussi, très intéressante, oscillant entre les arômes de marmelade d’orange,
de coing, de figue et d’épices. La longueur est phénoménale. C’est un très
grand vin liquoreux !
Et
pour finir, la dégustation de l’eszencia. Un nectar (on n’ose plus parler de
vin à ces niveaux de sucre et de concentration) hors normes, au nez fabuleux et
à la bouche impressionnante. Une simple gorgée dure de longues minutes. Ce
serait parfait à utiliser dans de la cuisine… si le prix de cette rareté n’était
pas exorbitant !
Mon
verre d’eszencia. Sa robe en dit long sur sa complexité.
Ici,
une flasque d’un autre eszencia goûtée au domaine Dobogo à Tokaji. Si je trouve
le contenant splendide (il permet de se rendre parfaitement compte du côté
sirupeux et épais), la dégustation en tant que telle ne restera pas dans les
annales (bon mais sans être impressionnant).
Et
enfin, le summum de nos pérégrinations hongroises : le domaine Oremus dans
la région de Tokaji. Ce domaine appartient à Pedro Alvarez, propriétaire du célébrissime
Vega Sicilia en Espagne (Ribera del Duero). A l’image du bâtiment principal
abritant les chais, les moyens financiers engagés sont considérables. Mais les
résultats sont là – extraordinaires !
Difficile
de ne pas rêver en déambulant dans le domaine. Les précieuses bouteilles sont à
portée de bouche…
Et
comme d’habitude, l’or du domaine : les bonbonnes d’eszencia. Le jus est
tellement épais qu’il paraît noir.
Les caves
du domaine réservent quelques surprises. Ces bouteilles de Tokaji Aszu de 1957 recouvertes
de moisissures ont un petit air de poule, non ?
Le
charme d’une cave tient parfois à peu de choses… de belles moisissures et
soudain l’ambiance change. Lorsque tout est récent, il n’y a pas vraiment
d’âme.
Alors
que quelques mètres plus loin, les nuances de couleurs ajoutent une touche de magie
au lieu. Un moment de vrai bonheur.
Il
règne quelque chose de christique dans les caveaux de dégustation de Toaji. Ce
n’est pas la cène mais on n’en est pas loin !
Cette
dégustation nous a permis de découvrir de très grands vins liquoreux. La
qualité était encore supérieure à celle de Disznoko, avec en fil rouge un très
bel équilibre sur les différentes cuvées. Mais c’est sans nul doute la
bouteille de Tokaji Aszu 5 puttonyos 2000
qui m’a le plus marqué. Un nez citronné associé (entre autres) à des touches d’abricot
sec. En bouche, l’équilibre entre acidité, sucres et alcool se révèle parfait.
L’impression de fraîcheur est très agréable. Les arômes sont très complexes
avec notamment de la marmelade d’orange très pure. La finale, très longue, présente
une jolie amertume. Un vin à boire au moins une fois !
S'il fallait choisir une photo j'opterai sans hésiter pour la poulette sans doute car elle me rappelle des souvenirs et en plus quelle grâce, quelle élégance ! Tout est dans le regard !
RépondreSupprimerTMA
Je suis sûr qu'elle doit en plus être délicieuse avec quelques morilles et du vin jaune !
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