Quelque soit la région, quelque soit le climat, réussir à produire du (bon) vin tient du miracle tant les obstacles sont nombreux (problèmes de fécondation des fleurs, pluie, maladies, espèces nuisibles, grêle, etc.). En dépit de ce tableau déjà sombre, certains vignerons doivent en outre composer avec des terres difficiles à travailler parce que situées dans des zones atypiques.
Si l'on pense immédiatement aux vignobles du Douro au Portugal, de Côte-rôtie ou de Banyuls en France, deux vignobles plus méconnus n'ont rien à leur envier : le Valais en Suisse et le Val d'Aoste en Italie.
Comme on le voit ici dans le Valais, les vignobles se situent au pied des montagnes, sur des terrains escarpés où il est nécessaire de construire des terrasses pour pouvoir travailler les sols et les vignes. Cette viticulture de montagne a fait l'objet de la création d'un label au nom hautement évocateur : la "viticulture héroïque".
Et ce sont bien des héros ces vignerons de l'extrême, à l'image de Marie-Thérèse Chappaz, très grande dame de la viticulture suisse. Sa générosité n'a d'égal que sa gentillesse. Beaucoup de cépages différents (dôle, fendant, petite arvine, païen, syrah, etc.), de nombreuses cuvées produites sans esbroufe. Comme si ces paysages grandioses mais durs imposaient l'humilité.
Et du côté de Morgex dans le Val d'Aoste, d'autre vignes de montagne, à 1100 mètres d'altitude. Ici, la rudesse de la nature a donné naissance à des paysages viticoles hors normes. De splendides vignes conduites en pergola faisant face aux cimes enneigées des Alpes. Grandiose comme le Mont Blanc tout proche.
Evidemment, ce type de viticulture impose des travaux réguliers d'entretien, notamment au niveau des murets qui servent de soutien aux différentes terrasses créées par l'homme. Leur coût élevé se répercute bien sûr au final dans le prix de la bouteille. Ajoutez à cela la difficulté de ces travaux et vous comprendrez pourquoi les Valdôtains se sont progressivement détournés de ces terrains viticoles, les surfaces ainsi plantées s'étant réduites comme peau de chagrin au fil des ans.
Pourtant, cette viticulture de montagne ne présente pas que des inconvénients. Exemptes de phylloxéra, les vignes peuvent être plantées franc de pied, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas greffées sur un porte-greffe américain comme c'est le cas pour l'immense majorité des vignes françaises et dans le monde (le porte-greffe américain, résistant au phylloxéra, permet habituellement que ce puceron ne puisse plus tuer les vignes comme ce fut le cas à très grande échelle à la fin du XIXème siècle en Europe).
Dès lors, il est possible de reproduire les vignes par la méthode du marcottage représentée ici. Le viticulteur fait plonger un sarment dans la terre qui, une fois ses racines prises, sera séparé du sarment initial. Le nouveau plant est ainsi créé sans qu'il y ait eu besoin de recourir à une fécondation sexuée.
A l'image de Marie-Thérèse Chappaz dans le Valais, Elio Ottin produit, dans ce paysage fantastique du Val d'Aoste, de très belles cuvées dont une grande petite arvine ! Et quelle prouesse quand on sait qu'Elio n'est pas vigneron à temps plein : ses activités se répartissent entre vin, pommes et élevage bovin. Une approche simple du vin qui fait du bien. Pas de discours péremptoire et un bel échange amical. Voilà un grand monsieur.
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